C'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule
01.02.2025 > 15.02.2025
Centre de quartier Les Ramenas
Johana Giacardi – Les Estivants
Création 2024
Artiste en résidence
TPMob / Théâtre
Informations pratiques
Durée 1h10
Dès 13 ans
Hors les murs dans le cadre du TPMob
+ Salle Maria Casarès
Horaires
Du 1er au 4 février
Lun. mar. sam. à 20h, dim à 17h
Centre de quartier des Ramenas — Réserver —
→ 149 rue Saint-Denis, Montreuil (Métro 11 : Station Montreuil - Hôpital)
Du 6 au 8 février
Du jeu. au sam. à 20h
La Parole Errante — Réserver —
→ 9 rue François Debergue, Montreuil
Du 11 au 15 février
Du mar. au ven. à 20h, sam. à 18h
TPM, salle Maria Casarès — Réserver —
→ 63 rue Victor-Hugo, Montreuil
Tarifs
Dans le cadre du TPMob, le TPM met en place une billetterie responsable 20 €, 15 €, 10 €, 5 € ou 0 €, chacun·e est libre de choisir son tarif en fonction de ses moyens.
Autour du spectacle
En écho au spectacle, la compagnie Les Estivants a mené des ateliers de création autour du « récit-confidence » avec des habitant·es du territoire en partenariat avec le centre social SFM et la résidence sénior Stella, à l’IUT ainsi qu’à l’Hôpital Grégoire André à Montreuil.
Croisant le théâtre, la musique, la danse et l’expression orale, ces ateliers donneront lieu à un temps de restitution samedi 8 février à 18h à La Parole Errante.
Entretien avec Johana Giacardi
Votre pièce s’inspire de l’émission radio de nuit Allô Macha de Macha Béranger, diffusée sur France Inter (de 1977 à 2006), qu’est-ce qui vous intéresse particulièrement dans ces émissions de nuit ?
Après mon spectacle La Saga de Molière (2021), j’avais envie de travailler autour de la radio, média qui m’a toujours fascinée. Dans mes recherches, j’ai découvert le livre Micros de nuit, histoire de la radio nocturne en France (1945 – 2012) de Marine Beccarelli et c’est là que j’ai découvert l’émission de Macha Béranger Allô Macha et sa communauté des « sans sommeil ». La radio de nuit m’apparaît immédiatement être un terrain de jeu inouï : les sujets abordés n’ont rien à voir avec ceux du jour, les formats sont plus improvisés et moins standardisés. Ce que j’ai tout de suite aimé avec l’émission Allô Macha c’est que pour une fois à la radio, on peut entendre la voix des anonymes et non plus seulement celle des spécialistes. Petit à petit, ce dispositif propre à la radio m’a étrangement fait penser au théâtre. Je me suis demandée à quoi ressemblerait un spectacle sans acteur·rice, sans les “spécialistes de la scène”.
Et j’ai décidé de transposer le principe de l’émission Allô Macha au théâtre, de fabriquer sur scène un dispositif fondé sur l’écoute et la confidence. Je me suis demandée ce que c’était qu’une confidence, qu’est-ce qu’on entend par confidence, et sur quels sujets ressent-on le besoin de se confier ?
J’ai commencé à mener mon enquête. Je suis d’abord allée à l’INA (Institut national de l’audiovisuel) à Marseille pour écouter des heures d’enregistrements des émissions de Macha Béranger ou de Difool sur Skyrock. Bien que parfois toujours d’actualité, je me suis rendue compte que les propos et questionnements des auditeur·rices étaient assez datés, surtout du point du vue des femmes. Je sentais que j’avais envie de partager dans ce spectacle une parole plus contemporaine, sonder les voix de notre époque.
Alors, je suis allée à la rencontre des gens en posant ma caravane, sorte de confessionnal moderne, à différents endroits dont une université et un lycée professionnel pour récolter leur parole. Le concept était assez simple : le titre du spectacle était écrit sur la porte de la caravane et celles et ceux qui souhaitaient participer avaient 30 minutes pour me livrer leur témoignage. J’ai ainsi récolté 7 ou 8 heures d’enregistrements qui ont constitué le point de départ du spectacle.
À partir de ces témoignages, comment avez-vous écrit la pièce ?
Pour écrire la pièce, j’ai travaillé à partir des récits et des confidences récoltés dans ma caravane, j’y ai mélangé des éléments plus ou moins autobiographiques, et je me suis inspirée du parcours de vie des comédiennes avec lesquelles je travaille. Après un long travail d’improvisations au plateau et d’allers-retours entre la scène et mon ordinateur, j’ai ensuite composé un récit pour chacune des comédiennes, comme une sorte d’hommage à ces personnes rencontrées dans ma caravane. Écrire à partir de ces rencontres et s’autoriser à les théâtraliser, à les exagérer parfois, c’était aussi une façon de prolonger l’expérience de la caravane sur scène, d’inviter sur scène celles et ceux qui avaient eu le courage quelques mois plus tôt d’entrer dans ce confessionnal moderne. Comme une intime invitation à se réapproprier la scène, celle du théâtre, celle de nos vies…
Pouvez-vous nous parler du dispositif scénique ?
Le dispositif circulaire m’a tout de suite paru évident car c’était la première représentation que j’avais de la radio : les gens sont toujours autour d’une table en rond. Et puis évidemment le cercle de parole, la veillée autour du feu… J’avais en tête tout un imaginaire autour du cercle et ce que cela permettait de créer : une proximité entre et avec les spectateur·rices, un rapport d’égalité entre les comédiennes et le public.
Le dispositif permet aussi un théâtre qui est plus forain, qui peut se déplacer partout… J’avais l’intuition que la confidence nécessitait cet écrin-là. D’ailleurs, pour son émission Allô Macha, l’animatrice reconstituait en studio des conditions d’écoute comme si elle était chez elle, comme les auditeur·rices qui appelaient depuis chez eux : une lumière tamisée, sa bouteille de whisky, ses cigarettes… J’avais envie de récréer sur le plateau de théâtre une sorte d’ambiance « pyjamesque », comme si on était chez nous, dans notre chambre… Peut-être que c’était une façon d’inviter les spectateur·rices dans ma chambre imaginaire et d’organiser sur scène une sorte de nuit blanche.
À mon sens, le dispositif circulaire permet cela : nous désarmer tous et toutes dans nos positions parce qu’on est à vue, tous collé·es les un·es à côté des autres. À mi-chemin entre une expérience collective et un spectacle, nous avons envie chaque soir de représentation, de rencontrer le public, de le regarder pour de vrai, d’être assises côte à côte, et de lui parler, sans qu’aucune espèce de séparation propre au théâtre de salle conventionnelle s’installe entre lui et nous. La salle étant une scène en soi. Nous voulons donner à voir et à entendre sans tricherie et sans quatrième mur, toute la machinerie théâtrale dans ses erreurs et ses approximations, dans une esthétique « fait maison », volontairement inesthétique, avec un petit côté punk.
Quel rapport créez-vous avec les spectateur·rices ?
J’avais envie de donner un rôle aux spectateur·rices, que le spectacle mobilise le public à un endroit différent que d’habitude dans le spectacle vivant. D’où le dispositif circulaire.
Cette proximité vis-à-vis de la scène mais aussi de ses voisin·es nous rend plus visible, plus vulnérable, nous incite à nous positionner de manière moins passive face à la représentation.
Cela crée une écoute et une tension particulière pendant toute la durée du spectacle. J’ai eu beaucoup de retours de spectateur·rices qui me disaient qu’il·elles se posaient plein de questions sur leur vie en sortant de la pièce. On m’a même dit que ce spectacle n’était pas seulement un spectacle de salle mais aussi un spectacle de l’après. J’ai bien aimé cette formule, et je pense que si ça agit autant sur le public, c’est qu’il se sent concerné grâce à cette forme. Les comédiennes sont au même niveau que les spectateur·rices, ce qui soulève la question de la légitimité à prendre la parole : « Et pourquoi pas moi ? Pourquoi ma vie n’aurait pas une valeur sur scène ? Et si la scène de théâtre, loin des grandes épopées et des grandes tragédies, devenait le lieu idéal pour se réunir autour de nos humanités fragiles ? ». Le spectacle renvoie à la représentation qu’on a de soi, à la valeur accordée à notre existence.
Entretien réalisé par le Théâtre Public de Montreuil
novembre 2024
Sous la houlette de Johana Giacardi, la compagnie Les Estivants propose un théâtre tout-terrain et décapant. Avec sa dernière création, au titre plein de promesses, elle s'inspire de l’univers des émissions radiophoniques de libre antenne pour nous convier à une veillée nourrie de confidences inoubliables.
Dans un dispositif scénique inspiré à la fois par le modèle intimiste des émissions de nuit, fondées sur le dialogue avec les auditeur·rices, et par le format immersif des scènes ouvertes – ou open mic – à l’énergie communicative et débordante, Johana Giacardi imagine une soirée dans laquelle il semble possible de tout se dire.
Un moment hors du temps et cathartique qui questionne la représentation de soi et la valeur accordée à nos existences.
Biographie
Johana Giacardi
Johana Giacardi vit et travaille à Marseille. En 2015, elle est diplômée du master professionnel en Dramaturgies et écritures scéniques à Aix-Marseille Université. En 2016, elle fonde la compagnie Les Estivants à Marseille avec Lisiane Gether. En 2018, elle signe la mise en scène de Feu !, spectacle soutenu et programmé par le 3 bis f à Aix-en-Provence. Un compagnonnage entre la compagnie et le 3 bis f est né d’une résidence en connivence tout au long de la saison 2018–2019. Dans le cadre de cette résidence, elle crée plusieurs formes théâtrales dont le Camping show, spectacle de théâtre estival et itinérant pour les campings.
En 2021, forte de cette expérience sur les routes, elle crée La Saga de Molière, et décide que dorénavant Molière, c’est elle(s) !
Distribution et production
Avec Anaïs Aouat, Anne-Sophie Derouet, Naïs Desiles, Johana Giacardi, Édith Mailaender
Mise en scène et écriture Johana Giacardi
Stage assistanat à la mise en scène Olivia Oukil
Direction de production Lisiane Gether
Conception décors et accessoires Johana Giacardi, Camille Lemonnier
Création costumes Tatiana Bertaud, Johana Giacardi, Camille Lemonnier
Stagiaire costumes Leïla Berbille, Lucie Escande
Création lumières Lola Delelo
Création sonore Juliette Sebesi
Régisseur son Antoine Perrin
Constructeur gradins Sud Side, les ateliers spectaculaires
Production Cie Les Estivants
Producteur délégué Théâtre du Gymnase-Bernardines Marseille
Coproductions Théâtre La Passerelle – Scène nationale de Gap ; Le Totem Scène Conventionnée Art, enfance, jeunesse – Avignon ; Le Théâtre des Carmes – Avignon ; 3bisf – Centre d’arts contemporains d’intérêt national – Aix en Provence ; Théâtre Public de Montreuil – CDN ; Théâtre le Sémaphore – Scène conventionnée ; La Garance, Scène nationale de Cavaillon ; Réseau Traverses – association de structures de diffusion et de soutien à la création du spectacle vivant en région PACA ; le Pôle Arts de la Scène – Friche la belle de mai
Accueils en résidence Théâtre Gymnase – Bernardines, Marseille ; Théâtre Antoine Vitez ; La fonderie ; l'Usine Badin ; 3bisf, Domaine Départemental de l'Etang des Aulnes ; Théâtre du Bois de l'Aune,
Soutiens DRAC Provence-Alpes-Côte d'Azur, DGCA, Région SUD, Département des Bouches-du-Rhône, Ville de Marseille
En savoir plus
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TPMob / Théâtre
Sous la houlette de Johana Giacardi, la compagnie Les Estivants propose un théâtre tout-terrain et décapant. Avec sa dernière création, au titre plein de promesses, elle s'inspire de l’univers des émissions radiophoniques de libre antenne pour nous convier à une veillée nourrie de confidences inoubliables.
Dans un dispositif scénique inspiré à la fois par le modèle intimiste des émissions de nuit, fondées sur le dialogue avec les auditeur·rices, et par le format immersif des scènes ouvertes – ou open mic – à l’énergie communicative et débordante, Johana Giacardi imagine une soirée dans laquelle il semble possible de tout se dire.
Un moment hors du temps et cathartique qui questionne la représentation de soi et la valeur accordée à nos existences.
Informations pratiques
Durée 1h10
Dès 13 ans
Hors les murs dans le cadre du TPMob
+ Salle Maria Casarès
Horaires
Du 1er au 4 février
Lun. mar. sam. à 20h, dim à 17h
Centre de quartier des Ramenas — Réserver —
→ 149 rue Saint-Denis, Montreuil (Métro 11 : Station Montreuil - Hôpital)
Du 6 au 8 février
Du jeu. au sam. à 20h
La Parole Errante — Réserver —
→ 9 rue François Debergue, Montreuil
Du 11 au 15 février
Du mar. au ven. à 20h, sam. à 18h
TPM, salle Maria Casarès — Réserver —
→ 63 rue Victor-Hugo, Montreuil
Tarifs
Dans le cadre du TPMob, le TPM met en place une billetterie responsable 20 €, 15 €, 10 €, 5 € ou 0 €, chacun·e est libre de choisir son tarif en fonction de ses moyens.
Autour du spectacle
En écho au spectacle, la compagnie Les Estivants a mené des ateliers de création autour du « récit-confidence » avec des habitant·es du territoire en partenariat avec le centre social SFM et la résidence sénior Stella, à l’IUT ainsi qu’à l’Hôpital Grégoire André à Montreuil.
Croisant le théâtre, la musique, la danse et l’expression orale, ces ateliers donneront lieu à un temps de restitution samedi 8 février à 18h à La Parole Errante.
Entretien avec Johana Giacardi
Votre pièce s’inspire de l’émission radio de nuit Allô Macha de Macha Béranger, diffusée sur France Inter (de 1977 à 2006), qu’est-ce qui vous intéresse particulièrement dans ces émissions de nuit ?
Après mon spectacle La Saga de Molière (2021), j’avais envie de travailler autour de la radio, média qui m’a toujours fascinée. Dans mes recherches, j’ai découvert le livre Micros de nuit, histoire de la radio nocturne en France (1945 – 2012) de Marine Beccarelli et c’est là que j’ai découvert l’émission de Macha Béranger Allô Macha et sa communauté des « sans sommeil ». La radio de nuit m’apparaît immédiatement être un terrain de jeu inouï : les sujets abordés n’ont rien à voir avec ceux du jour, les formats sont plus improvisés et moins standardisés. Ce que j’ai tout de suite aimé avec l’émission Allô Macha c’est que pour une fois à la radio, on peut entendre la voix des anonymes et non plus seulement celle des spécialistes. Petit à petit, ce dispositif propre à la radio m’a étrangement fait penser au théâtre. Je me suis demandée à quoi ressemblerait un spectacle sans acteur·rice, sans les “spécialistes de la scène”.
Et j’ai décidé de transposer le principe de l’émission Allô Macha au théâtre, de fabriquer sur scène un dispositif fondé sur l’écoute et la confidence. Je me suis demandée ce que c’était qu’une confidence, qu’est-ce qu’on entend par confidence, et sur quels sujets ressent-on le besoin de se confier ?
J’ai commencé à mener mon enquête. Je suis d’abord allée à l’INA (Institut national de l’audiovisuel) à Marseille pour écouter des heures d’enregistrements des émissions de Macha Béranger ou de Difool sur Skyrock. Bien que parfois toujours d’actualité, je me suis rendue compte que les propos et questionnements des auditeur·rices étaient assez datés, surtout du point du vue des femmes. Je sentais que j’avais envie de partager dans ce spectacle une parole plus contemporaine, sonder les voix de notre époque.
Alors, je suis allée à la rencontre des gens en posant ma caravane, sorte de confessionnal moderne, à différents endroits dont une université et un lycée professionnel pour récolter leur parole. Le concept était assez simple : le titre du spectacle était écrit sur la porte de la caravane et celles et ceux qui souhaitaient participer avaient 30 minutes pour me livrer leur témoignage. J’ai ainsi récolté 7 ou 8 heures d’enregistrements qui ont constitué le point de départ du spectacle.
À partir de ces témoignages, comment avez-vous écrit la pièce ?
Pour écrire la pièce, j’ai travaillé à partir des récits et des confidences récoltés dans ma caravane, j’y ai mélangé des éléments plus ou moins autobiographiques, et je me suis inspirée du parcours de vie des comédiennes avec lesquelles je travaille. Après un long travail d’improvisations au plateau et d’allers-retours entre la scène et mon ordinateur, j’ai ensuite composé un récit pour chacune des comédiennes, comme une sorte d’hommage à ces personnes rencontrées dans ma caravane. Écrire à partir de ces rencontres et s’autoriser à les théâtraliser, à les exagérer parfois, c’était aussi une façon de prolonger l’expérience de la caravane sur scène, d’inviter sur scène celles et ceux qui avaient eu le courage quelques mois plus tôt d’entrer dans ce confessionnal moderne. Comme une intime invitation à se réapproprier la scène, celle du théâtre, celle de nos vies…
Pouvez-vous nous parler du dispositif scénique ?
Le dispositif circulaire m’a tout de suite paru évident car c’était la première représentation que j’avais de la radio : les gens sont toujours autour d’une table en rond. Et puis évidemment le cercle de parole, la veillée autour du feu… J’avais en tête tout un imaginaire autour du cercle et ce que cela permettait de créer : une proximité entre et avec les spectateur·rices, un rapport d’égalité entre les comédiennes et le public.
Le dispositif permet aussi un théâtre qui est plus forain, qui peut se déplacer partout… J’avais l’intuition que la confidence nécessitait cet écrin-là. D’ailleurs, pour son émission Allô Macha, l’animatrice reconstituait en studio des conditions d’écoute comme si elle était chez elle, comme les auditeur·rices qui appelaient depuis chez eux : une lumière tamisée, sa bouteille de whisky, ses cigarettes… J’avais envie de récréer sur le plateau de théâtre une sorte d’ambiance « pyjamesque », comme si on était chez nous, dans notre chambre… Peut-être que c’était une façon d’inviter les spectateur·rices dans ma chambre imaginaire et d’organiser sur scène une sorte de nuit blanche.
À mon sens, le dispositif circulaire permet cela : nous désarmer tous et toutes dans nos positions parce qu’on est à vue, tous collé·es les un·es à côté des autres. À mi-chemin entre une expérience collective et un spectacle, nous avons envie chaque soir de représentation, de rencontrer le public, de le regarder pour de vrai, d’être assises côte à côte, et de lui parler, sans qu’aucune espèce de séparation propre au théâtre de salle conventionnelle s’installe entre lui et nous. La salle étant une scène en soi. Nous voulons donner à voir et à entendre sans tricherie et sans quatrième mur, toute la machinerie théâtrale dans ses erreurs et ses approximations, dans une esthétique « fait maison », volontairement inesthétique, avec un petit côté punk.
Quel rapport créez-vous avec les spectateur·rices ?
J’avais envie de donner un rôle aux spectateur·rices, que le spectacle mobilise le public à un endroit différent que d’habitude dans le spectacle vivant. D’où le dispositif circulaire.
Cette proximité vis-à-vis de la scène mais aussi de ses voisin·es nous rend plus visible, plus vulnérable, nous incite à nous positionner de manière moins passive face à la représentation.
Cela crée une écoute et une tension particulière pendant toute la durée du spectacle. J’ai eu beaucoup de retours de spectateur·rices qui me disaient qu’il·elles se posaient plein de questions sur leur vie en sortant de la pièce. On m’a même dit que ce spectacle n’était pas seulement un spectacle de salle mais aussi un spectacle de l’après. J’ai bien aimé cette formule, et je pense que si ça agit autant sur le public, c’est qu’il se sent concerné grâce à cette forme. Les comédiennes sont au même niveau que les spectateur·rices, ce qui soulève la question de la légitimité à prendre la parole : « Et pourquoi pas moi ? Pourquoi ma vie n’aurait pas une valeur sur scène ? Et si la scène de théâtre, loin des grandes épopées et des grandes tragédies, devenait le lieu idéal pour se réunir autour de nos humanités fragiles ? ». Le spectacle renvoie à la représentation qu’on a de soi, à la valeur accordée à notre existence.
Entretien réalisé par le Théâtre Public de Montreuil
novembre 2024
Biographie
Johana Giacardi
Johana Giacardi vit et travaille à Marseille. En 2015, elle est diplômée du master professionnel en Dramaturgies et écritures scéniques à Aix-Marseille Université. En 2016, elle fonde la compagnie Les Estivants à Marseille avec Lisiane Gether. En 2018, elle signe la mise en scène de Feu !, spectacle soutenu et programmé par le 3 bis f à Aix-en-Provence. Un compagnonnage entre la compagnie et le 3 bis f est né d’une résidence en connivence tout au long de la saison 2018–2019. Dans le cadre de cette résidence, elle crée plusieurs formes théâtrales dont le Camping show, spectacle de théâtre estival et itinérant pour les campings.
En 2021, forte de cette expérience sur les routes, elle crée La Saga de Molière, et décide que dorénavant Molière, c’est elle(s) !
Distribution et production
Avec Anaïs Aouat, Anne-Sophie Derouet, Naïs Desiles, Johana Giacardi, Édith Mailaender
Mise en scène et écriture Johana Giacardi
Stage assistanat à la mise en scène Olivia Oukil
Direction de production Lisiane Gether
Conception décors et accessoires Johana Giacardi, Camille Lemonnier
Création costumes Tatiana Bertaud, Johana Giacardi, Camille Lemonnier
Stagiaire costumes Leïla Berbille, Lucie Escande
Création lumières Lola Delelo
Création sonore Juliette Sebesi
Régisseur son Antoine Perrin
Constructeur gradins Sud Side, les ateliers spectaculaires
Production Cie Les Estivants
Producteur délégué Théâtre du Gymnase-Bernardines Marseille
Coproductions Théâtre La Passerelle – Scène nationale de Gap ; Le Totem Scène Conventionnée Art, enfance, jeunesse – Avignon ; Le Théâtre des Carmes – Avignon ; 3bisf – Centre d’arts contemporains d’intérêt national – Aix en Provence ; Théâtre Public de Montreuil – CDN ; Théâtre le Sémaphore – Scène conventionnée ; La Garance, Scène nationale de Cavaillon ; Réseau Traverses – association de structures de diffusion et de soutien à la création du spectacle vivant en région PACA ; le Pôle Arts de la Scène – Friche la belle de mai
Accueils en résidence Théâtre Gymnase – Bernardines, Marseille ; Théâtre Antoine Vitez ; La fonderie ; l'Usine Badin ; 3bisf, Domaine Départemental de l'Etang des Aulnes ; Théâtre du Bois de l'Aune,
Soutiens DRAC Provence-Alpes-Côte d'Azur, DGCA, Région SUD, Département des Bouches-du-Rhône, Ville de Marseille